Trouver une raison d’être et une communauté grâce au travail

À Toronto, deux organisations exceptionnelles offrent des perspectives d’emploi utiles et enrichissantes aux adultes atteints de troubles du développement. Good Foot et DANI ont été créées avec un but similaire : celui d’aider les adultes atteints de troubles du développement à devenir plus autonomes et à développer un sentiment d’appartenance à leur communauté.
Good Foot est un service de messagerie fondé en 2010 par Jon Gauthier et sa sœur Kirsten. Atteint lui-même d’un trouble du développement, Jon avait de la difficulté à se trouver un emploi à temps plein qui contribuerait à sa croissance personnelle et lui permettrait d’être financièrement autonome. Plutôt que de se décourager, il s’est mis à réfléchir à une solution avec Kirsten. Ensemble, ils ont eu l’idée de créer Good Foot, un service de messagerie professionnel qui proposerait des emplois aux adultes atteints de troubles du développement.
« C’est gratifiant de pouvoir aider ceux et celles qui sont atteints de troubles du développement. Je sais que j’aide des gens qui n’ont pas la chance de trouver un emploi à temps plein, et que je les aide à s’intégrer davantage à la société », explique-t-il. « Et ça, c’est important. »*
Ayant débuté avec cinq messagers en 2010, l’équipe de Good Foot n’a cessé de s’agrandir : en décembre 2019, elle comptait 31 messagers et deux stagiaires.
Dans le même ordre d’idées, DANI (Developing and Nurturing Independence) a été fondée par deux mères, Kathy Laszlo et Susie Sokol. Ces mères ont en effet créé un programme dans le but de préparer leurs propres enfants atteints de troubles du développement à intégrer le marché du travail une fois adulte. Depuis sa création en 2006, DANI a néanmoins connu une croissance remarquable.
À l’origine, le programme a commencé par un service de traiteur. Il a ensuite pris la forme d’un groupe social assorti d’un camp d’été d’une durée d’une semaine à l’intention des adultes atteints de troubles du développement. Puis, le programme a rapidement pris de l’ampleur, se déroulant sur une base quotidienne. Les participants apprennent à préparer les repas du midi pour les écoles et travaillent dans une cuisine résidentielle louée par Laszlo et Sokol. Aujourd’hui, l’entreprise dessert le Grand Toronto à partir de son centre de préparation et de formation situé à Thornhill.


La vision de Good Foot est de permettre aux messagers d’acquérir une expérience professionnelle qui mènera à leur épanouissement personnel, ainsi qu’au développement accru de leur autonomie et de leur estime de soi. Les employés de l’entreprise reçoivent d’ailleurs la totalité des revenus générés par le service de messagerie.
Chez DANI, le personnel travaille « pour créer des perspectives d’emploi pour les adultes confrontés à des défis physiques et/ou cognitifs, de manière à ce qu’ils puissent participer pleinement à la vie au sein de la collectivité en tant que membres précieux de la communauté, et mener une vie de qualité, à la fois porteuse de sens et de dignité. » DANI aide plus de 100 adultes atteints de troubles cognitifs ou physiques à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour réussir à décrocher un emploi.
Un des programmes lancés par DANI, le Pop-Up Lunch est conçu de manière à ce que les participants soient impliqués à chaque étape du service de traiteur : la préparation et l’emballage de la nourriture ; le service à la clientèle ; l’encaissement des ventes; et le nettoyage. Les participants reçoivent une part des bénéfices et le reste des profits est reversé aux autres programmes soutenus par DANI.

« Découvrez qui vous êtes. Et faites-le avec intention. »
– Dolly Parton

Les employés de DANI et de Good Foot se considèrent comme faisant partie d’une plus vaste communauté, poursuivant à la fois des ambitions individuelles et collectives. Certains d’entre eux décrivent d’ailleurs leurs collègues comme étant leur seconde famille.
Dans le cadre de ses efforts à créer une communauté plus inclusive, Good Foot pose des gestes concrets afin de changer la manière dont la société perçoit les adultes atteints de troubles du développement. En étant en contact avec des messagers fiables qui font bien leur travail, les clients constatent que le personnel est désireux d’apprendre et d’évoluer. À sa façon, Good Foot investit dans le bien-être de la collectivité dans son ensemble.
Selon une étude d’impact social menée en 2013 par le Social Economy Centre de l’Université de Toronto, chaque investissement de 1,00 $ envers des organismes comme Good Foot se traduit par un rendement social sur investissement de 2,36 $ – une mesure d’incidence sociale, économique et environnementale.
De tels impacts ne sont pas toujours immédiatement apparents. Good Foot permet à ses messagers de cultiver un sentiment d’appartenance, d’occuper un emploi stable et d’éprouver de la fierté en raison de leur rôle au sein d’une entreprise appréciée. En contribuant à la réussite de Good Foot, les clients aident à éliminer les stigmates et les obstacles auxquels sont confrontés les adultes atteints de troubles du développement. Ils facilitent d’ailleurs l’embauche et l’intégration des messagers au sein de la collectivité.

« Seuls, nous pouvons faire si peu; ensemble, nous pouvons faire beaucoup. »
– Helen Keller

Les participants au projet DANI constatent eux aussi les mêmes effets positifs. Leur programme « pop-up » de repas du midi met en lumière les opérations quotidiennes en milieu d’entreprise – les clients peuvent voir les participants en plein travail et échanger avec eux lorsqu’ils achètent leur repas. Ce type d’interaction permet aux clients de prendre la pleine mesure des compétences et des aptitudes de ceux et celles qui participent à des programmes comme DANI.
Selon l’Agence de la santé publique du Canada, l’isolement social est un des facteurs déterminants de la santé. Heureusement, des programmes sociaux tels que DANI, impliquent pleinement leurs participants dans leur communauté, réduisant ainsi leur dépendance à l’égard de l’assistance sociale et favorisant de façon active leur socialisation. En plus de fournir des emplois, Good Foot crée des liens sociaux significatifs au sein de son équipe par le biais d’activités tenues après les heures de travail, notamment grâce à un club de course à pied et des soirées de jeux.
Bien qu’il reste beaucoup à faire, des programmes comme Good Foot et DANI travaillent avec acharnement afin d’offrir aux adultes atteints de troubles du développement l’occasion de s’épanouir, d’apprendre et de contribuer de manière substantielle à leur communauté.
*https://www.thestar.com/yourtoronto/yourcitymycity/2010/08/20/off_on_a_good_foot.html
