Enseigner pour le Canada s’associe aux Premières nations isolées pour contribuer à la réalisation d’un pays dans lequel tous les enfants ont accès à une éducation de qualité dans leurs communautés. Cette organisation autochtone s’efforce de recruter, de préparer et de retenir des enseignants certifiés engagés pour aider les élèves à réussir, tout en investissant dans la prochaine génération d’éducateurs autochtones.

La Fondation Azrieli soutient Enseigner pour le Canada depuis cinq ans. Pour cette édition de cheminement vers l’impact, nous avons parlé avec Ken Sanderson, le directeur exécutif, du travail extraordinaire de l’organisation.

Fondation Azrieli : Parlons des quatre piliers du travail d’Enseigner pour le Canada : recruter, préparer, soutenir et maintenir. Pouvez-vous nous expliquer comment vous équilibrez ces priorités dans le cadre de votre mission ?

Ken Sanderson : Il s’agit plutôt d’un continuum. Le recrutement est à l’origine de la création d’Enseigner pour le Canada, en réponse aux besoins des communautés des Premières nations. Elles doivent embaucher des enseignants, et il n’y a pas un grand bassin local dans lequel recruter. Si nous n’avons pas d’enseignants, nous ne pouvons pas ouvrir les portes, nous ne pouvons même pas ouvrir l’école – nous ne pouvons même pas commencer à enseigner. Je compare la situation à celle d’un hôpital. Vous devez trier les gens. C’est le problème numéro un.

Vous voulez recruter des gens, mais vous voulez vous assurer qu’ils sont préparés avant de « mettre le cap vers le Nord ». Enseigner pour le Canada recrute des enseignants certifiés qui ont les compétences et les aptitudes nécessaires pour réussir dans une Première nation. Notre programme de préparation aide les enseignants à se familiariser avec l’histoire et la culture des Premières nations du Nord, à adopter des pédagogies culturellement pertinentes et à établir des pratiques efficaces d’autogestion.

Les éducateurs peuvent faire toute la préparation qu’ils veulent. Mais ils ont besoin de rappels, de soutiens et de personnes avec qui réfléchir – c’est là que le soutien entre en jeu. Nous voulons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider les enseignants à faire la transition vers l’enseignement dans une Première nation. Nous avons des gestionnaires du perfectionnement des enseignants qui offrent un soutien individuel. Nous facilitons les réseaux de soutien par les pairs. Les enseignants peuvent entrer en contact avec d’anciens élèves. Nous leur donnons accès à des services de conseil en matière de santé mentale, ainsi qu’à une formation professionnelle continue.

Le dernier pilier de notre mission est le maintien. Nous n’avons pas besoin de convaincre quelqu’un de Calgary ou de Toronto de vivre et de travailler dans ces communautés pour toujours. Nous recrutons divers groupes d’enseignants dans l’intervalle, car cela répond à un besoin immédiat. Mais l’idéal serait d’aider les Premières nations à développer leur bassin local, ce qui prend du temps. Alors, que pouvons-nous faire pour faciliter cela, pour aider les membres de la communauté eux-mêmes à voir que l’enseignement est une option de carrière viable ? Nous investissons dans des programmes comme le programme de développement professionnel des aides-enseignants, qui a deux fonctions : aider les aides-enseignants à être plus efficaces dans leur rôle et les encourager à poursuivre leurs études pour devenir des enseignants certifiés. Notre programme de stage dans le Nord offre aux candidats à l’enseignement la possibilité d’effectuer un stage pratique au sein des Premières nations desservies par Enseigner pour le Canada. Cette occasion permet aux participants de partager leurs compétences, de perfectionner leur art et d’acquérir une expérience pratique de l’enseignement, tout en découvrant si le Nord leur convient. Nous offrons également un programme de préparation des administrateurs qui soutient les aspirants et les nouveaux directeurs d’école pendant les quatre premiers mois de leur mandat. Ces programmes d’Enseigner pour le Canada s’intègrent tous dans l’approche à long terme que nous adoptons pour soutenir des écoles solides, dirigées par la communauté.

Nous ne voulons pas que les Premières nations s’associent avec nous pour toujours. En fin de compte, nous voulons qu’elles continuent d’avoir l’autonomie de diriger et de doter leurs écoles de membres de la communauté locale. C’est l’idée derrière ces quatre piliers.

FA : Comment Enseigner pour le Canada travaille-t-il pour s’assurer que les besoins spécifiques de chacune de ses communautés partenaires sont satisfaits ?

KS : Les programmes d’Enseigner pour le Canada sont entièrement dirigés par la communauté. Nous communiquons régulièrement avec nos partenaires afin de renforcer nos relations, et nous avons mis en place des systèmes pour recevoir des commentaires sur chaque élément de notre programmation. Nous avons un conseil consultatif composé de partenaires de la communauté, qui peuvent façonner la programmation pour répondre à leurs besoins et confirmer que notre compréhension de leurs besoins est exacte.

Les communautés indigènes ne suivent pas souvent les mêmes trajectoires que les autres municipalités. Certains élèves peuvent obtenir leur diplôme de fin d’études secondaires tardivement, pour diverses raisons : il n’y avait peut-être pas d’école dans la communauté et ils ont dû se déplacer pour aller à l’école, ou ils ont consacré du temps à l’apprentissage d’activités traditionnelles comme le piégeage au lieu d’obtenir leur diplôme tout de suite. Beaucoup d’élèves indigènes terminent leurs études secondaires, ou commencent un programme universitaire ou communautaire, plus tard dans leur vie. Pour servir au mieux les Premières nations avec lesquelles nous sommes en partenariat, nous devons bien comprendre les besoins individuels de chaque communauté.

FA : Enseigner pour le Canada tient compte de facteurs tels que l’assiduité des élèves et la rétention des enseignants. En ce qui concerne ce qui ne peut pas être saisi par des mesures ou des données, comment mesurez-vous le succès de vos programmes ?

KS : Pour moi, cela revient à avoir un impact plus global sur l’école, ainsi que sur les enfants eux-mêmes. S’ils commencent à être enthousiastes à l’idée d’aller à l’école, c’est finalement là que le succès est significatif. C’est la raison pour laquelle nous faisons ce que nous faisons en premier lieu. Il s’agit de s’assurer qu’ils ont cette passion intérieure qui s’allume.

FA : Au cours des prochaines années, Enseigner pour le Canada accueillera de nouveaux partenaires communautaires et s’étendra en Alberta et en Saskatchewan. Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus dans cette croissance ?

KS : Nous savons que ce que nous faisons a de la valeur, et le fait de pouvoir le partager avec un plus grand nombre de Premières nations est vraiment passionnant. Mais je m’éloigne du concept de croissance infinie parce que c’est un peu le point de vue dominant de la société actuellement. C’est ainsi que nous mesurons les entreprises, les actions, l’économie – si vous n’êtes pas en croissance infinie, vous devez échouer. Mais nous sommes dans un monde fini, non ? Vous ne pouvez pas avoir une croissance infinie dans un monde fini.

La croissance pour Enseigner pour le Canada ne consiste pas à essayer de rassembler des communautés. Il s’agit de partager ce que nous faisons à plus grande échelle, mais aussi de comprendre les flux et reflux des communautés avec lesquelles nous travaillons déjà. Dans certaines communautés, par exemple, nous faisons un bon travail de rétention une année, de sorte que l’année suivante, elles n’auront pas besoin de recruter. C’est une réussite ! Ce n’est pas tant que nous aurons toujours un nombre croissant de partenaires constamment actifs. Ce n’est pas comme ça que je vois les choses. Nous prenons le temps d’établir des relations de qualité avec de plus en plus de Premières nations.

FA : La Fondation Azrieli est fière de soutenir votre organisation depuis 2017. Selon vous, qu’est-ce qui fait de notre partenariat un partenariat efficace ?

KS : Sans des donateurs comme la Fondation Azrieli, ce que nous faisons n’est pas possible. C’est la réponse facile.

L’une des choses que nous apprécions vraiment dans les relations avec les donateurs, c’est lorsqu’il s’agit de véritables relations, où nous pouvons dialoguer et discuter. Nous faisons tous partie d’un grand écosystème. Je pense que plus nous conversons et partageons les uns avec les autres sur ce qui se passe – non seulement dans nos communautés, mais aussi dans le domaine de l’éducation, des organisations à but non lucratif, et même des tendances des donateurs – plus ces éléments deviennent importants pour informer l’objectif stratégique de l’avenir. En fin de compte, c’est l’engagement qui devient précieux, et les conversations qui deviennent aussi importantes que le don lui-même.

 

Cette entrevue a été condensée pour des raisons de longueur et de clarté.

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