Des établissements de hautes études considèrent Israël à travers des perspectives multiples
L’Université Concordia, à Montréal, ainsi que l’Université Ben Gurion, située dans le désert de Negev, en Israël, consolident leur statut de champions du progrès en s’impliquant dans le domaine des études israéliennes, une initiative qui attire des étudiants des quatre coins du monde.
Ces écoles vont au-delà des études portant sur la religion, pour se pencher sur l’économie, la culture, les affaires, la langue et la politique. L’objectif du Concordia Azrieli Institute of Israeli Studies et du Center for Israel Studies (MALI) est d’étudier Israël dans une perspective générale.
Le Concordia Azrieli Institute of Israeli Studies
Cette mise à jour a été fournie par le professeur Csaba Nikolenyi, directeur de l’Azrieli Institute of Israel Studies de l’Université Concordia.
« L’Azrieli Institute of Israel Studies a été fondé en 2011 grâce à un don généreux de la Fondation Azrieli à l’Université Concordia. Au fil des ans, l’institut s’est établi comme un des principaux centres voués aux études israéliennes au Canada, ainsi qu’un des plus importants établissements du genre au monde. La réputation croissante de l’institut à l’échelle mondiale a été attestée par de nombreux événements. En effet, il a accueilli la réunion annuelle de l’Association for Israel Studies en 2015, mais aussi la nomination du directeur de l’institut, Csaba Nikolenyi, professeur de sciences politiques, au conseil d’administration de l’Association ainsi qu’au comité éditorial d’Israel Studies, la publication savante la plus reconnue dans ce domaine. De plus, des membres du corps professoral et des étudiants diplômés travaillant à l’institut ont régulièrement l’occasion de se rendre à des conférences nationales et internationales pour y présenter et diffuser les fruits de leurs recherches en cours.
L’institut a établi deux relations internationales importantes avec des partenaires israéliens. Le premier de ces partenariats a été conclu avec la Rothberg International School de la Hebrew University de Jérusalem, qui offre le cadre dans lequel a lieu le programme annuel Summer in Jerusalem offert par l’institut. Les étudiants passent un mois à l’école Rothberg, où ils suivent un cours d’été intensif sur la politique, la culture et les religions israéliennes, pour lequel ils reçoivent un crédit de l’Université Concordia. Offert chaque année depuis 2017, le cours Summer in Jerusalem contribue de manière unique au programme interdisciplinaire de premier cycle avec mineur en études israéliennes, le seul programme du genre au Canada, qui est dirigé à partir de l’institut.
Le second partenariat international de l’institut a été établi avec le Ben-Gurion Research Institute for the Study of Israel and Zionism, basé sur le campus Sde Boker de l’Université Ben-Gurion. Ce partenariat est axé sur la collaboration en matière de recherche. Dans le cadre de ce partenariat, les deux centres ont effectué des échanges avec des conférenciers invités et des visites de chercheurs en congé sabbatique. Ils ont aussi accueilli deux ateliers de recherche sur leurs campus respectifs afin d’examiner la façon dont Israël est étudié « au pays » et « à l’étranger ». Ces échanges de recherche ont mené à la publication d’un numéro spécial du périodique Contemporary Review of the Middle East, pour lequel les directeurs des deux centres, les professeurs Paula Kabalo et Csaba Nikolenyi, ont agi comme rédacteurs. L’institut travaille aussi étroitement avec le chapitre montréalais de Canadian Associates of Ben-Gurion University, afin d’organiser des événements et de promouvoir des programmes d’intérêt commun.
En plus de son mandat de promotion des études israéliennes sur le campus, l’institut joue un rôle actif au niveau de la diffusion de la culture israélienne contemporaine en invitant à Montréal des écrivains et intellectuels israéliens, tels que Meir Shalev et Yossi Klein Halevi. »
Le Center for Israel Studies (MALI) du Ben-Gurion Research Institute for the Study of Israel and Zionism à l’Université Ben-Gurion
Cette mise à jour a été fournie par Dr. Paula Kabalo, directrice du Ben-Gurion Research Institute for the Study of Israel and Zionism à l’Université Ben-Gurion.
Lorsque la différence nous unit — Le CIS (MALI) prend des allures d’arc-en-ciel
Un groupe hétéroclite est rassemblé autour d’une boîte de carton et de bouts de papier dans la cave des Archives Ben-Gurion, à Sede Boqer. Côte à côte, des Juifs haredi et laïcs se penchent vers l’avant pour mieux entendre leurs associés lire à voix haute des extraits de la correspondance entre David Ben-Gurion et le rabbin Hazon Ish, portant sur le recrutement des femmes religieuses au sein des forces armées israéliennes en décembre 1952.
« Cela me bouleverse de vous faire part de mon immense tristesse et de [ma] peur concernant ce décret, et de demander au premier ministre d’y renoncer », lit d’une voix tremblante la narratrice bénévole, une dirigeante haredi de la société civile résidant à Jérusalem. « Cela me fait vraiment beaucoup de peine de ne pas pouvoir honorer votre souhait », répond la voix d’un haut dirigeant d’une fondation philanthropique nord-américaine, dont le siège social se trouve en Israël.
L’homme au chapeau se trouvant à mon côté me murmure : « Quelle grandeur, quel respect mutuel. Nous avons beaucoup à apprendre de ces deux personnalités ». Me tournant vers lui, je hoche de la tête en guise d’approbation.
Cet échange représente l’aboutissement d’un atelier unique au Center for Israel Studies (CIS – communément appelé MALI, selon son acronyme hébreu), et d’une journée lors de laquelle des activistes de la société civile, des leaders prônant le changement au sein des communautés haredi d’Israël, et des représentants de fondations philanthropiques qui appuient leurs activités sont rassemblés autour de tables rondes. À ces deux groupes se joignent des chercheurs, jeunes et chevronnés : des candidats au doctorat, des post-doctorants et des membres du corps professoral du pôle de recherche « Jewish World IN Israel ». Cette équipe de recherche s’est donnée pour but de considérer différents groupes au sein du monde juif, et les relations qu’ils créent et entretiennent en Israël. « Ce n’est pas seulement pour mieux “les” comprendre », explique constamment le professeur Ofer Shiff, qui dirige le groupe. « Il s’agit surtout de “nous” comprendre ». Voilà le paradigme énoncé par l’équipe au cours de trois années de débats hebdomadaires souvent tumultueux. La société israélienne représente la somme de ses parties, et comprend des Juifs issus de communautés culturelles très différentes, qui peuvent nous offrir des manières novatrices de comprendre le judaïsme, la foi et les liens à l’Eretz Israël. Afin de mieux nous comprendre, nous devons comprendre la somme de nos parties et nous familiariser avec – et nous immerger dans – ces différents mondes qui, en se rencontrant, ont façonné le tout que nous appelons aujourd’hui la société israélienne.
“La société israélienne représente la somme de ses parties.”
-Paula Kabalo
« Entre nous, c’est différent; ils ne peuvent pas comprendre ça », explique Gabriel Haritos lors d’une discussion orageuse sur la construction de la nation, tenue au pôle de recherche Ben-Gurion du MALI. Ce « nous » évoqué par Gabriel représente évidemment Israël et les Israéliens, tandis que le « ils » évoque le reste du monde. Pourtant… Gabriel est Grec, chrétien orthodoxe et originaire de l’île de Rhodes. Il est post-doctorant au MALI et expert des relations entre Israël et le monde hellénique, commençant par les camps de détention de Chypre, où ce qu’il restait des communautés juives d’Europe ont été envoyées lorsque les portes de la Palestine mandataire leur ont été soudainement fermées. Puis ses recherches vont jusqu’aux récentes frictions entre Israël, la Grèce et Chypre, résultant de la découverte de réserves de gaz naturel dans la Méditerrannée. Gabriel — qui parle couramment l’hébreu et maîtrise les formules argotiques communément employées en Israël — est le petit-fils de feu Gabriel Haritos, maire et gouverneur de facto de cette île à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et celui à qui l’on doit la construction du premier monument en Grèce (et dans toute l’Europe, semble-t-il) à la mémoire de ceux qui ont péri lors de l’Holocauste. Gabriel s’est joint au MALI parce qu’il était à la recherche d’une communauté d’études israéliennes qui serait en mesure d’enrichir ses connaissances et d’accueillir ses propres contributions intellectuelles. « MALI , c’est chez moi », répète-t-il souvent.
Au terme de sa troisième année d’activités, le MALI est devenu un pôle d’attraction pour des groupes et des individus très variés, qui ont fait d’Israël et de la société israélienne leur champ d’intérêt. Tout comme des archéologues faisant des fouilles dans un vaste site, les membres du MALI emploient des outils tranchants mais délicats afin de révéler les fines strates de diverses couleurs et diverses époques dont est composé ce phénomène que nous appelons Israël.
Ces écoles et centres de recherche considèrent Israël à partir des racines, afin de mieux saisir le pays dans son ensemble, et de répondre à la question : « les études israéliennes, qu’est-ce que c’est? »