« Les chercheurs en début de carrière se trouvent dans la position unique de mener des projets de recherche novateurs. Bien qu’ils aient souvent de la difficulté à obtenir leur première bourse par les moyens traditionnels, leur approche de la recherche —risque élevé/satisfaction élevée — est quelque chose que nous souhaitons soutenir. »
-Naomi Azrieli
Chercheurs mondiaux CIFAR Azrieli
Le programme Chercheurs mondiaux CIFAR Azrieli soutient des chercheurs exceptionnels en début de carrière, dont le travail prometteur pourrait en faire les leaders de la recherche de demain.
Par le biais du financement et du mentorat, le programme favorise le réseautage essentiel et le développement de compétences professionnelles. Les chercheurs mondiaux CIFAR Azrieli intègrent des programmes de recherche CIFAR pour une période de 24 mois, durant laquelle ils collaborent avec leurs homologues pour inspirer de nouvelles manières d’aborder les questions les plus urgentes auxquelles les sciences et l’humanité sont confrontées. Au terme du programme, plusieurs de ces savants maintiennent contact avec la communauté de l’Institut canadien de recherches avancées (CIFAR).
CIFAR offre aux chercheurs un environnement de travail inégalé, axé sur la confiance, la transparence et le partage des connaissances. Ce modèle éprouvé inspire de nouvelles avenues d’enquête, accélère les découvertes et mène à des percées par-delà les frontières et les disciplines. Grâce à la mobilisation du savoir, CIFAR agit comme catalyseur de changement au sein de l’industrie, du gouvernement et de la société dans son ensemble. La communauté de chargés de recherche CIFAR comprend 20 lauréats de prix Nobel et plus de 400 chercheurs originaires de 22 pays. En 2017, le gouvernement canadien a confié à CIFAR le mandat de développer et de diriger la Stratégie pancanadienne en matière d’intelligence artificielle, la première stratégie nationale d’IA du monde.
Nous vous présentons les Chercheurs mondiaux CIFAR Azrieli pour 2019/2020, qui ont été choisis au terme d’un processus de recrutement très compétitif, où 217 demandes admissibles ont été soumises de 37 pays. Ces 14 chercheurs (dont sept s’identifient comme hommes et sept comme femmes) ont été choisis pour s’intégrer à cinq programmes CIFAR. Comptant parmi les principaux talents émergents du monde, ils sont citoyens de huit pays, et ont été nommés au sein d’établissements au Canada, aux États-Unis, en Israël, en Australie, aux Pays-Bas et en Espagne.
Voici le profil d’une de nos brillants chercheurs CIFAR, Hannah Carter.
Rédigé par Cynthia Macdonald, ce profil a été originellement publié par CIFAR.
Vers une approche personnalisée du diagnostic et du traitement du cancer
En cherchant à mieux comprendre comment les mutations génétiques se transforment en tumeurs, Hannah Carter (chercheuse mondiale CIFAR Azrieli) montre la voie vers une approche meilleure et plus personnalisée du diagnostic et du traitement du cancer.
Il suffit d’une copie défectueuse d’un gène hérité de nos parents pour nous prédisposer au cancer. Mais la manière exacte dont les mutations génétiques peuvent entraîner l’apparition et le développement d’un cancer demeure un mystère, ce qui est particulièrement vrai de l’interaction entre les mutations germinales héritées et les mutations somatiques acquises.
Hannah Carter (chercheuse mondiale CIFAR Azrieli en 2017) est bio-informaticienne et professeure adjointe de médecine à l’Université de Californie à San Diego (UCSD); son travail de recherche porte sur cette question précise. Travaillant avec de vastes ensembles de données, elle emploie des algorithmes et des outils logiciels de pointe pour découvrir comment les tumeurs se développent au niveau moléculaire.
« En ayant une meilleure compréhension des antécédents génétiques et du potentiel de formation d’une tumeur », estime Carter, « nous pouvons projeter non seulement les probabilités qu’une personne soit atteinte du cancer au cours de sa vie, mais peut-être aussi où ce cancer se manifestera dans son corps, et si ce dernier sera plus ou moins agressif. Et cela nous aidera au niveau du dépistage. »
Dans un article important publié en 2017 dans Cancer Discovery, Carter et son équipe ont analysé plus de deux millions de variantes de cancer héritées provenant de 10 000 génomes de patients tirés de l’Atlas du génome du cancer (TCGA), un programme historique de génomique du cancer établi en 2006. Ils sont parvenus à situer plus de 400 variantes pouvant suggérer où et comment une tumeur maligne pouvait se développer.
Des données obtenues du TCGA ont ouvert une nouvelle ère de la recherche sur le cancer. « Nous disposons de toutes ces différentes couches de données que nous pouvons considérer et étudier ensemble, ce qui nous a donné une ressource d’une incroyable richesse, qui n’a vraiment aucun équivalent », affirme Carter.
Trop longtemps, le traitement du cancer a pâti d’une approche uniformisée. Relativement peu de patients sont inscrits à des essais cliniques; parmi eux, seule une faible minorité est susceptible d’en profiter, puisqu’on ne tient pas compte des effets de leur bagage génétique.
L’introduction de l’oncologie moléculaire a changé la donne. Des thérapies ciblées telles que les anticorps monoclonaux et l’immunothérapie peuvent désormais modifier le fonctionnement cellules de manières très précises. Dans certains cas, les résultats ont été spectaculaires : même chez des patients atteints de maladies métastatiques avancées, on a observé une régression rapide des tumeurs.
Mais il reste beaucoup de progrès à faire. Selon Carter, « les tumeurs posent un réel défi, car elles finissent toujours par résister à n’importe quelle thérapie qu’on leur oppose. Il nous faut donc devenir plus intelligents et poursuivre nos efforts afin de mieux les comprendre. »
Les deux dernières années ont été fertiles en événements pour le laboratoire de Carter. En plus d’offrir des indices quant aux manières dont les génomes germinaux et somatiques interagissent dans les cas de cancer, son équipe a également trouvé réponse à des questions importantes sur les façons dont nous pouvons renforcer plus efficacement le système immunitaire afin de mieux lutter contre la propagation des cellules cancéreuses.
Bien qu’elle soit devenue une experte dans les domaines de l’apprentissage automatique et de la génétique, cette chercheuse originaire du Kentucky a débuté sa carrière en tant qu’ingénieure électrique (« À un moment donné, j’ai pris un virage abrupt à gauche », explique-t-elle ironiquement.) Pensant d’abord qu’elle aimerait développer des neuroprothèses, elle s’est inscrite à un programme à l’Université Johns Hopkins, ce qui lui a permis d’assister à des cours de première année de l’école de médecine.
« Je suis devenue totalement fascinée par les fondements génétiques et moléculaires des maladies. C’est à ce moment-là que j’ai fait un changement et que je me suis jointe à un labo qui faisait de la bio-informatique moléculaire », se souvient-elle. Sa formation d’ingénieure s’est avérée d’une grande utilité alors qu’elle a développé des compétences clés en apprentissage automatique et en modélisation informatique.
À l’heure actuelle, ajoute Carter, le plus grand défi dans son domaine est la collecte des données nécessaires à des découvertes réellement importantes sur le cancer. Bien qu’une grande quantité de données ait déjà été recueillie, il en faudra beaucoup plus. Avec les bons outils, Carter et ses collègues sont à l’aube de percées extraordinaires qui devraient se concrétiser dans les années à venir.
« Nous sommes réellement dans une période excitante en ce qui concerne la recherche sur le cancer », dit-elle. « Le nombre d’études et de publications est intimidant — il en devient presque impossible de se maintenir au courant de tout ce qui paraît. Mais nous avons fait de réelles avancées au niveau de notre compréhension de la mécanique du développement des tumeurs. Nous commençons à élaborer des stratégies pour essayer d’intervenir directement à ce niveau, et de personnaliser davantage la thérapie de cancer. »
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Subventions de développement des compétences à l’intention des chercheurs en début de carrière
Ces bourses, offertes par la Fondation Azrieli et Brain Canada, appuient les chercheurs en début de carrière effectuant des recherches transformatrices qui permettront de mieux comprendre le cerveau, en santé et dans la maladie.
Chacun des dix récipiendaires se verra remettre une bourse de 100 000 $.
Un de ces récipiendaires, Matthew Parsons, PhD, est chercheur à l’Université Memorial de Terre-Neuve. Selon lui, « la plupart des occasions de financement exigent que le demandeur fournisse une quantité importante de données préliminaires à l’appui de l’hypothèse sous-jacente à son projet. Compte tenu de cette exigence, il est difficile pour un nouveau laboratoire d’explorer de nouvelles avenues de recherche et de prendre des risques, même si l’on sait que ces risques mènent souvent à des découvertes importantes. La bourse de développement des compétences à l’intention des chercheurs en début de carrière permettra à mon laboratoire de penser et de s’aventurer en dehors des sentiers battus en effectuant des recherches sur les communications entre cellules dans le cas de maladies neurodégénératives. Cette bourse complète parfaitement les sources de financement plus conventionnelles à l’appui de nos recherches. »
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