Dès son premier jour de travail, en 2014, Marina Boulos-Winton a rencontré une femme qui avait quitté Toronto pour s’établir à Montréal. Atteinte d’une maladie mentale, elle avait abandonné toutes ses possessions, persuadée qu’un inconnu pénétrait secrètement dans son appartement pour contaminer sa nourriture.
C’est une des nombreuses histoires déchirantes que Marina a entendues dans le cadre de son emploi de directrice générale de Chez Doris, un refuge, à l’origine, de jour pour les femmes en situation de précarité à Montréal, qui a ouvert ses portes en 1977.
« Quand elles viennent à nous, elles n’ont aucun réseau de soutien », explique-t-elle. « Certaines, comme cette femme, voient en nous un sanctuaire. »
Les services offerts par le refuge représentaient une aide précieuse, mais limitée, puisqu’il devait fermer ses portes à 15 h chaque jour, et de nombreuses femmes n’avaient nulle part où s’abriter la nuit, car tous les lits des refuges de nuit de la ville étaient occupés.
Voilà pourquoi en 2017, Chez Doris a entamé des démarches en vue d’ouvrir un refuge de nuit et a acheté une maison située à proximité. Malgré les défis liés à la pandémie, l’organisme a lancé une
campagne de collecte de fonds afin d’ouvrir un refuge de 24 lits et 26 logements abordables pour les femmes en situation de précarité.
« En 2020, nous avons pris la mesure de l’échelle réelle de l’itinérance et de ses conséquences désastreuses pour les femmes », explique Boulos-Winton. Pour répondre aux besoins croissants, Chez Doris a prolongé ses heures d’ouverture, en plus d’ouvrir un refuge de nuit de 40 chambres dans un hôtel.
C’est à ce moment-là que la Fondation Azrieli leur a offert une subvention pluriannuelle pour soutenir leur projet de refuge de nuit. En septembre 2022, Chez Doris a pu ouvrir un nouveau refuge de nuit permanent, directement en face de son refuge de jour.
« Grâce au soutien de la Fondation Azrieli, nous avons le vent dans les voiles », estime Boulos-Winton. « Ce don a incité d’autres donateurs à faire leur part, et a donné à ces femmes l’espoir que leur vie se transforme pour le mieux. »
