Utiliser un guichet automatique bancaire. Demander un passeport. S’orienter sur un campus. Beaucoup d’entre nous prennent ces activités quotidiennes pour acquises, mais pour les 10 % de Canadiens en situation de handicap cognitif, ces tâches peuvent s’avérer difficiles, voire impossibles.
« Notre environnement n’est pas conçu en fonction de l’accessibilité cognitive », déclare Virginie Cobigo, professeure de psychologie à l’Université d’Ottawa. Virginie a passé sa carrière à mener des recherches sur la manière de rendre le monde plus facile à parcourir pour les personnes vivant avec des déficiences intellectuelles et des troubles du développement. Bien que les personnes en situation de handicap cognitif représentent le plus grand groupe de personnes en situation de handicap au Canada, il est souvent sous-représenté.
Après une décennie de recherche, la professeure Cobigo souhaitait trouver un moyen de transposer ses découvertes dans le monde réel. En 2019, elle a commencé à conseiller un développeur de technologie sur une application permettant de gérer les médicaments des personnes vivant avec une démence. « Ce projet m’a permis de comprendre la valeur de mon expertise », explique-t-elle.
Le succès de ce projet a conduit à la création de l’Open Collaboration pour l’accessibilité cognitive (ou « Open ») à l’Université d’Ottawa l’année suivante.
Open est un modèle rare qui fonctionne comme une entreprise sociale à but non lucratif rémunérée à l’acte. Open fournit des recherches universitaires sur l’accessibilité cognitive aux partenaires gouvernementaux et industriels afin de les aider à rendre leurs produits et services plus accessibles aux personnes en situation de handicap cognitif. Open se distingue par le fait qu’il place les personnes en situation de handicap cognitif au centre de la discussion, une perspective qui a rarement été incluse dans les conversations sur les normes d’accessibilité et sur leurs conceptions.
L’approche de professeure Cobigo fonctionne. La demande de recherche pratique et utilisable d’Open est en augmentation.
Par exemple, Open vient de terminer un projet pour la Banque du Canada qui consistait à donner des conseils sur l’accessibilité cognitive des systèmes de paiement numérique. Grâce à des tests en situation réelle, l’équipe de conseillers d’Open a offert des recommandations sur le développement de politiques et de services futurs. L’équipe a aussi déterminé que le processus d’authentification bancaire n’était pas accessible.
Open travaille avec d’autres partenaires industriels et gouvernementaux pour rendre les lieux de travail plus accessibles, la signalisation publique plus intelligible et les services tels que le remplissage d’un formulaire plus simple. Les possibilités sont illimitées et les opportunités de croissance immenses.
Grâce au soutien de la Fondation Azrieli, la professeure Cobigo a pu élargir son équipe de conseillers de 10 à 40 personnes âgées de 10 à 80 ans, qui se sont tous identifiés comme étant neurodivergents ou en situation de handicap cognitif.
« La Fondation Azrieli nous a permis d’établir des relations à long terme avec nos conseillers et de renforcer le nombre de conseillers que nous pouvons intégrer à notre équipe de base. Cela a été un impact important de la subvention », dit-elle.
Dominic Couture (gauche) est membre de l’équipe Open et est également autiste. Il a une formation en linguistique appliquée et occupe le poste de gestionnaire des opérations linguistiques, un poste rendu possible grâce à la subvention accordée à l’Université d’Ottawa par la Fondation Azrieli. L’expérience vécue de Dominic est un atout inestimable à son travail.
« J’ai réalisé en prenant plus d’expérience que l’accessibilité du langage est une forme de linguistique appliquée, qui est mon domaine d’étude », nous raconte Dominic. « Le linguiste appliqué résout des problématiques qui sont reliés au langage et c’est exactement ce que je fais chez Open en modifiant un texte pour le rendre plus accessible aux publics ciblés par le texte. »
« L’expertise de nos conseillers en matière d’accessibilité cognitive est unique et nous espérons continuer à travailler avec eux pour informer un nombre croissant de nos partenaires externes sur les normes d’accessibilité et leur conception », déclare la professeure Cobigo. « Nous ne pouvons rien faire sans eux ».
(Gauche : Dominic Couture, Manager des opérations linguistiques, Open Collaboration pour l’accessibilité cognitive)
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(Photo en bannière : Virginie Cobigo professeure de psychologie à l’Université d’Ottawa)