Inspirée par le compositeur, pianiste et activiste vénézuélien José Antonio Abreu, l’approche de l’enseignement de la musique Sistema est arrivée au Canada il y a une douzaine d’années, inspirant des organisations nouvelles ou établies d’un bout à l’autre du pays à offrir gratuitement des cours de musique intensifs pour ensembles à des enfants issus de communautés inadéquatement desservies.
Souvent, les élèves commencent à apprendre dès qu’ils ont l’âge de tenir un instrument. Proposés après les heures de l’école, à raison d’environ dix heures par semaine, les cours de musique sont offerts à des groupes pouvant aller d’une poignée d’élèves à des groupes de 40 ou 50 jeunes, dans le cas des formations orchestrales. Le programme est basé sur le principe voulant que les enfants ont besoin de liens personnels et d’un sentiment d’appartenance à une communauté, et que la musique est une manière de développer une foule de compétences essentielles et de cultiver les aptitudes de leadership, tout en favorisant des changements sociaux transformateurs.
Aujourd’hui, il existe près de 20 organisations de type Sistema au Canada, dont plusieurs ont été en mesure de traverser les turbulences du début de la pandémie de la COVID-19 en permettant aux jeunes d’apporter des instruments à la maison et en offrant des cours en ligne. Toutefois, lorsque le personnel et les enseignants discutaient de questions pratiques telles que le choix de plateformes logicielles, ou des préoccupations plus importantes, comme la question du meilleur soutien à offrir aux élèves durant cette période difficile, ils ont vite compris les avantages du partage d’information à travers un réseau pancanadien.
La Fondation Azrieli a vu le potentiel que représentaient ces rassemblements informels. En plus d’offrir un soutien financier, elle a joué un rôle actif au niveau du développement du Réseau Sistema Canada, qui comptait 14 membres au moment de sa création en janvier 2022. « La pandémie a été le véritable catalyseur qui nous a permis de commencer à travailler ensemble plus régulièrement », explique Christie Gray, ancienne directrice exécutive de Sistema Toronto. « Avec des ressources limitées, nous n’avions jamais le temps ou l’énergie de faire cela. Maintenant, nous nous entraidons pour aider chacun à réussir, et les membres bien établis peuvent contribuer à la création et la croissance de nouveaux chapitres du réseau. »
À long terme, ces démarches permettront aux programmes Sistema de toucher davantage d’enfants. Christie Gray a déjà vu les fruits de cette collaboration. En effet, en faisant équipe, les membres du réseau ont pu placer des commandes auprès de deux compositeurs de couleur, ce qu’ils n’auraient pas pu faire en travaillant séparément. « Cela permettra à nos élèves de jouer une pièce composée par quelqu’un qui leur ressemble », souligne Gray, « et ce genre de représentation est d’une importance capitale. »